La statue de l'Ephèbe
© Laurent Gheysens - Direction de la communication Ville d'Agde
La découverte
Cette statue en bronze a été découverte le 13 septembre 1964 par Jacky Fanjaud, membre du GRASPA, dans le fleuve Hérault, à quelques mètres des quais. Extrêmement abîmé par son séjour dans l'eau, il manquait à la statue son bras droit, ses pieds et sa jambe gauche (qui sera finalement retrouvée dans l'eau 300 mètres en aval 6 mois plus tard.
Les restaurations et le séjour au Louvre (1965-1984)
La statue était extrêmement abîmée par son séjour dans l'eau ; en effet l'épaisseur du bronze ne dépassait pas à certains endroits, 1 à 2 millimètres.
Elle va d'abord partir au laboratoire Borély de Marseille afin de subir un premier nettoyage de surface, grâce à une électrolyse. Puis elle est envoyée au laboratoire des musées de France à Paris, où des experts vont se pencher sur le choix du protocole à appliquer en vue de sa restauration. C'est finalement le laboratoire d'Archéologie du Métal (LAM) de Jarville-la-Malgrange qui est choisi, en 1967, pour restaurer l'Ephèbe.
Le restaurateur Aimé Thouvenin va renforcer l'intérieur de la statue avec de la résine et de la fibre de verre. Puis il va remettre en place la jambe gauche. Enfin une couche de Thermolux va être appliquée afin de stabiliser la corrosion active.
L'Ephèbe sera présentée au Louvre dès 1967. Durant les premières années, il est positionné près du grand escalier de la Victoire de Samothrace. Une deuxième intervention de l'équipe de restaurateurs du LAM va avoir lieu, suite à l'apparition de petites taches blanches - un retour de corrosion (le statue n'était pas dans une vitrine et localisée devant un mur donnant sur l'extérieur du musée et donc, assez humide). C'est suite à cette opération que l’œuvre va être déménagée dans le département des antiquités grecques et romaines du Louvre.
En 2010, des interventions du Centre de recherches et de restauration des Musées de France (C2RMF) ont permis de remettre en place le bras gauche de la statue.
La statue à l’origine du musée (1984-1987)
Au moment de la découverte de l'Ephèbe, André Malraux alors ministre des affaires culturelles, avait déclaré que ce dernier reviendrait à Agde lorsqu'un musée conforme aux normes de bonne conservation préventive et de sécurité serait érigé.
C'est au début des années 80 que la Ville d'Agde décide de la construction d'un musée dédié à l'archéologie sous-marine, positionné au Cap d'Agde en lieu et place d'une ancienne ferme du XVIIIème siècle. Le musée ouvre ses portes au public en 1985 mais c'est seulement en 1987 que la statue de l'Ephèbe revient définitivement dans sa ville d'adoption. L'établissement prend alors le nom de la statue.
© Pierre Arnaud
Un portrait d'Alexandre le Grand ?
Très tôt après sa découverte, la statue a intrigué certains archéologues et historiens de l'art pour sa ressemblance avec le célèbre roi macédonien, Alexandre III dit « le Grand » (356-323 av. J.-C.).
En effet, on retrouve sur le grand bronze d'Agde le style de Lysippe de Sicyone, portraitiste de la famille royale de Macédoine : la forme du visage, le menton et les mèches de cheveux au-dessus du front formant une sorte d'étoile (l'anastolé).
L'Ephèbe d'Agde porte sur la tête un diadème royal, semblable à celui retrouvé dans la tombe de Philippe II, le père d'Alexandre. Sur son épaule gauche on distingue la chlamyde, manteau militaire macédonien dont une extrémité manque suite à la perte de la main d'origine.
Enfin, on peut imaginer que dans les mains manquantes, l'Alexandre d'Agde tenait une lance macédonienne ou une épée.
Bibliographie :
"De l'Ephèbe à l'Alexandre d'Agde", sous la direction d'Odile Bérard-Azzouz. Agde, 2012.
Plus de photos :
© Pierre Arnaud
© Pierre Arnaud