La statue de l'Eros
© Pierre Arnaud
Cette superbe statue a été découverte en même temps que celle de l’Enfant Royal, en décembre 2001 par Nicolas Figuerolles, sur le site des Riches Dunes. Comme l’indiquent les stigmates des 2 ailes aujourd’hui brisées, c’est une figure du dieu de l’amour, Eros.
Les bras, qui ont été sculptés séparément, se sont détachés aux soudures. La tête est légèrement tournée, le regard dirigé vers le bas, et la bouche entr’ouverte. Les yeux ont été protégés par les couches de concrétions, aujourd’hui nettoyées, ce qui nous permet d’admirer la feuille d’argent qui les recouvrait. Elle donne à cet Eros un regard à la fois profond et étrange.
La chevelure tombe en « anglaises » sur la nuque. Le gros nœud que l’on remarque sur le front est caractéristique des représentations connues du dieu de l’amour. La base ronde, sur laquelle la statue est soudée, est une forme que l’on retrouve fréquemment dans les villes de la région de Pompéi. Autre détail frappant : les rustines que l’on aperçoit sur toute la surface du corps, sous forme rectangulaire ou carrée. Paradoxalement, même en ignorant ces défauts de fabrication, le corps de la statue est aussi banal… que sa tête est exceptionnelle.
Cette statue porte la même datation que celle de l’Enfant Royal et que l’emblema de mosaïque, retrouvés sur le même site (Ier siècle avant - Ier siècle après J.-C.). Les trois œuvres faisaient vraisemblablement partie d’un chargement d’œuvres d’art, commandé par un riche romain, transporté depuis la région de Naples par bateau, afin d’orner une grande et prestigieuse villa de la Narbonnaise.
© Pierre Arnaud
Bibliographie :
Les deux statues d’enfant en bronze (Cap d’Adge) : étude iconographique et technique, Benoît Mille, Loretta Rossetti, Claude Rolley (†), Edilberto Formigli et Michel Pernot
Article visible ici.